What makes French a Latin-Germanic mixed language

greg   Sat Apr 25, 2009 10:20 am GMT
Lobo : « Et puis, si le français ressemble au hollandais ce serait peut-être un peu l'ancien français mais surement pas le français moderne. »

Pas plus l'un que l'autre. Même s'il est vrai que l'ancien français a très bien, et longtemps, cohabité avec le moyen-néerlandais en Flandre et au-delà. Tout comme l'ancien français avec le moyen-anglais dans les Îles britanniques.





Lobo : « À travers les âges les romanophones (et plus tard les francophones) ont toujours tenté de conserver le caractère latin de leur langue, ce n'est que récemment, peut-être à cause de la tendance vers l'anglais que le germanophilie semble gagner des adeptes. »

Non, les tenants de l'origine latine du français (du castillan, de l'italien etc) sont les mêmes que ceux qui voient du germanique partout où l'origine latine ne peut être soutenue : ces partisans sont les héritiers d'une solide tradition universitaire établie depuis plus d'un siècle. Donc rien à voir avec l'anglomanie post-soixante-huitarde mais tout à voir avec le dynamisme de la philologie romane dans les milieux germanophones de la fin du XXe s, lesquels ont essaimé leur théorie à partir d'un double postulat (toujours non-démontré à ce jour) :
latin → langues romanes
étymon roman sans source latine → source germanique.

Bien sûr, aux yeux de cette tradition érudite, le double postulat suivant est implicitement considéré comme impensable :
X → paléoroman + latin
étymon roman similaire étymon germanique → source indo-européenne antérieure à X.

En clair, un étymon roman dont la latinité n'a pu être reconstruite par quelque artifice se doit alors de dériver du germanique quel qu'en soit le coût : invention d'étymons d'anciennes langues germaniques mortes sans laisser de trace, diffusion du supposé emprunt à toute la Romanie en un temps éclair, recours aux "explications" extralinguistiques en dehors de tout cadre théorique sur la langue, lexicocentrisme obsessionnel renforcé par l'absence de pensée fouillée et cohérente sur les faits de grammaire, totémisation fantaisiste de la "phonétique", arguments socio"linguistiques" désolants etc.





Lobo : « Tout ceci pour dire que le français n'est à la base ni plus ni moins [ ? QUE ? ] du latin vulgaire provenant de la bouche des Germains de l'ouest ou Francs envahissant le nord de la Gaule, qui connaissaient déjà assez bien le latin vulgaire pour en respecter les principales règles. »

Lobo : « Voici la raison de mon affirmation; dans la diachronie du français, nous pouvons remarquer que la réforme entreprise par Charlemagne avec l'aide d'Alcuin et des meilleurs érudits de l'époque pour ramener le latin sous sa forme la plus pure était due à la distance qu'avait prise la langue romane par rapport au latin écrit. Donc, il faut en croire que le concile de Tours à la fin du règne de Charlemagne avait pour but de conjuguer le tout et d'émettre des normes sur l'utilisation des langues sur le territoire de l'empire! »

La langue romane (des illettrés — donc la langue orale que j'appellerai paléoroman pour souligner le peu que nous en connaissons, ou ororoman pour signifier qu'elle était l'idiome des exclus de l'écriture) n'a eu aucune "distance" à prendre par rapport au latin écrit : comparer l'ororoman (lequel ?) au scriptolatin (lequel ?), c'est tout simplement comparer des choux et des carottes.

Mais ceci dit, voici le point de vue de l'universitaire Roger Wright, paru dans un article intitulé "Grammaires du vulgaire" dans le n° 45 éponyme de la revue « Médiévales » (2003) : http://medievales.revues.org/sommaire1170.html . Cet article apportera de l'eau à ton moulin. D'ailleurs tu peux consulter l'ouvrage de Wright à ce sujet : « Early Romance in Spain & Carolingian France », ou sa traduction espagnole si tu ne lis pas l'anglais : « Latín tardío y romance temprano en España y la Francia carolingia » dont voici un extrait : http://www.romaniaminor.net/ianua/Ianua01/01Ianua07.pdf . Je en sais pas si une traduction existe en français. Tu peux lire aussi les bouquins de Michel Banniard. Ces universitaires adhèrent à la thèse latinocentrée avec quelques différences quant à l'impact germanique.

Contre ces thèses, ou plutôt contre leur soubassement idéologique, tu peux lire le pamphlet d'un non-linguiste, Yves Cortez : « Le français ne vient pas du latin ! (Essai sur une aberration linguistique) ». Le fait que Cortez soit hors du sérail universitaire, conjugué à la production de quelques arguments spécieux, s'est jusqu'ici avéré contreproductif quant à la diffusion de sa thèse romanocentrée qui relègue la vieille antienne des "emprunts" au germanique (ou la légende des germanophones qui auraient "appris" aux romanophones à prononcer le paléoroman) au cabinet des curiosités.
greg   Sat Apr 25, 2009 10:27 am GMT
ERRATUM : « [...] mais tout à voir avec le dynamisme de la philologie romane dans les milieux germanophones de la fin du → XIXe s ← [...] ».
Lobo   Sat Apr 25, 2009 12:00 pm GMT
greg: «La langue romane (des illettrés — donc la langue orale que j'appellerai paléoroman pour souligner le peu que nous en connaissons, ou ororoman pour signifier qu'elle était l'idiome des exclus de l'écriture) n'a eu aucune "distance" à prendre par rapport au latin écrit : comparer l'ororoman (lequel ?) au scriptolatin (lequel ?), c'est tout simplement comparer des choux et des carottes.»

Non, mais avec 1 ou 2% de lettrés au Moyen-âge il fallait bien la réforme des Carolingiens pour donner accès à l'apprentissage du proto-français, les gens ne comprenaient plus les liturgies en latin, donc si ceci n'est pas un éloignement de l'oral par rapport à l'écrit, je ne sais pas ce que c'est. C'est aussi d'ailleurs ce qu'on nous a appris dans nos manuels d'histoire, non? Et puis j'ai déjà lu Banniard qui ne m'a rien appris de vraiement nouveau sur ce que je connaissais déjà. Quant à Wright, je le lirai bien dans sa version originale un de ces quatre.

Mais un fait demeure, c'est l'étonnant état de conservation du latin dans la langue française, qui a dû cohabiter avec le francique parlé par la classe dirigeante pendant plus de 5 siècles. Donc, nous pouvons constater tout le prestige que cette langue, mieux documentée par rapport aux langues germaniques et très bien implantée un peu partout en Gaule, incluant la Neustrie, a pu peu à peu prendre le pas et s'imposer, même auprès de la classe dirigeante à partir des Capétiens directs qui étaient aussi des Germains d'origine. Tout de même fabuleux.
PARISIEN   Sat Apr 25, 2009 12:21 pm GMT
<< Mais un fait demeure, c'est l'étonnant état de conservation du latin dans la langue française, qui a dû cohabiter avec le francique parlé par la classe dirigeante pendant plus de 5 siècles. >>

-- Mais non. Il y a eu une époque de bilinguisme diffus qui a pu être très étendue, mais elle a été courte. Un siècle au plus. Dans une société encore largement inorganisée, où l'illettrisme était général, quand un parler est socialement dominant à 51% il ne tarde pas à l'être à 100%, le basculement dans un sens ou l'autre se fait en deux ou trois générations au plus.

Au demeurant, un chercheur lorrain, Alain Simmer, est arrivé à la conclusion qu'en fait les invasions du haut Moyen-Age n'avaient pratiquement rien changé à la situation linguistique. Certaines découvertes archéologiques montrent que frontière entre Gallo-Romains et Gaulois Belges de langue germanique serait restée remarquablement stable à travers les siècles. Des fouilles en Belgique auraient confirmé cette conclusion (je rapporte cela sous toutes réserves). Voir à ce sujet:
http://mosellehumiliee.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=41
Lobo   Sat Apr 25, 2009 1:33 pm GMT
PARISIEN: «Mais non. Il y a eu une époque de bilinguisme diffus qui a pu être très étendue, mais elle a été courte. Un siècle au plus.»

C'est que, pour autant que je sache, de Clovis jusqu'à l'avènement de Hugues Capet tous les rois et leur cour royale avaient pour langue maternelle le francique, bien qu'ils étaient bilingues, ceci couvre donc une période de plus de cinq siècles. Peut-être qu'au niveau de la population le bilinguisme est disparu plus rapidement pour faire place à un langage que l'on a qualifié de Roman mais les ducs, marquis, maires de palais, et ainsi de suite avaient pour langue première le francique durant tout ce temps.

Alors, ce sont les Capétiens qui ont véritablement donné l'essor au français, car Hugues Capet était unilingue et probablement toute la cour a par la suite suivi en ce sens.
greg   Sat Apr 25, 2009 7:37 pm GMT
Lobo : « Non, mais avec 1 ou 2% de lettrés au Moyen-âge il fallait bien la réforme des Carolingiens pour donner accès à l'apprentissage du proto-français, les gens ne comprenaient plus les liturgies en latin, donc si ceci n'est pas un éloignement de l'oral par rapport à l'écrit, je ne sais pas ce que c'est. »

Je le répète, le concept de "distance" entre orolangue et scriptolangue n'a aucun sens. La graphie <o> n'est ni proche ni lointaine du son /o/ : les deux éléments, l'un visuel, l'autre auditif, n'ont absolument rien de commun, contrairement à ce que l'intuition commune peut laisser accroire.





Lobo : « Peut-être qu'au niveau de la population le bilinguisme est disparu plus rapidement pour faire place à un langage que l'on a qualifié de Roman mais les ducs, marquis, maires de palais, et ainsi de suite avaient pour langue première le francique durant tout ce temps. »

Mais de quel bilinguisme parles-tu ?





Lobo : « Alors, ce sont les Capétiens qui ont véritablement donné l'essor au français, car Hugues Capet était unilingue et probablement toute la cour a par la suite suivi en ce sens. »

C'est plutôt l'inverse : c'est parce que les anciennes langues d'OÏl (dont l'ancien français archaïque) étaient fortes et dynamiques que la dynastie royale s'est romanisée.





Lobo : « Mais un fait demeure, c'est l'étonnant état de conservation du latin dans la langue française, qui a dû cohabiter avec le francique parlé par la classe dirigeante pendant plus de 5 siècles. »

La classe dirigeante ne se limite pas aux souverains et aux petit marquis : il y a aussi les lettrés et les marchands. J'ai du mal à saisir l'impact du "francique" dans ces catégories de l'élite.
curieux   Sat Apr 25, 2009 7:40 pm GMT
est disparu

ça devrait etre a disparu?! N'est-ce pas?
yarienafaire   Sat Apr 25, 2009 8:24 pm GMT
Ouest Fri Apr 24, 2009 9:32 pm GMT

Very true....


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What is true ?


Lobo Fri Apr 24, 2009 10:53 pm GMT

ce n'est que récemment, peut-être à cause de la tendance vers l'anglais que le germanophilie semble gagner des adeptes. Ce qui n'est pas surprenant si l'on observe le pouvoir impérial américain.

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Justement!Il ne faut pas céder à la pression! Soyons fière de nos racines latines!!
Il n'y a aucune honte à être latin, que de belles choses dans le latin, sa construction, sa phrasée, sa sonorité. Toutes les langues issues du latin sont magnifiques, pourquoi s'avilir de racines germaniques.
Et pis toutes les cultures romanes sont riches et brillantes comparées à celle plus "germanophones".
Lobo   Sun Apr 26, 2009 1:33 am GMT
Voilà, nous avons peut-être du sang germanique qui coule dans nos veines mais nous parlons une langue tout à fait romane, rien de moins.
Lobo   Sun Apr 26, 2009 1:46 am GMT
greg: «Lobo : « Alors, ce sont les Capétiens qui ont véritablement donné l'essor au français, car Hugues Capet était unilingue et probablement toute la cour a par la suite suivi en ce sens. »

C'est plutôt l'inverse : c'est parce que les anciennes langues d'OÏl (dont l'ancien français archaïque) étaient fortes et dynamiques que la dynastie royale s'est romanisée.»

Bonnet blanc, blanc bonnet.
Ouest   Sun Apr 26, 2009 5:15 am GMT
yarienafaire Sat Apr 25, 2009 8:24 pm GMT

What is true ? :
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...that you and many French are "franc", than means have Frankish ancestry.

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Justement!Il ne faut pas céder à la pression! Soyons fière de nos racines latines!!
Il n'y a aucune honte à être latin, que de belles choses dans le latin, sa construction, sa phrasée, sa sonorité. Toutes les langues issues du latin sont magnifiques, pourquoi s'avilir de racines germaniques.
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You can be proud or not proud of your roots, but you cannot make a choice of your roots. Roots are not a question of "céder à la pression", "Soyons fière ", "latin magnifiques" or "s'avilir de racines germaniques" but a matter of FACTS!
yarienafaire   Sun Apr 26, 2009 9:03 am GMT
Et alors avoir des ancêtres germaniques ne signifient pas que la langue française est d'origine germanique, qu'est ce que tu racontes!?
Oui, bien sûr qu'une partie de la population française est issue des Frank, et alors? Si c'est ce que tu essaies de dire, on le reconnait tous, on n'est pas stupide, on connait notre histoire, personne en France ne croit plus à l'histoire de "nos ancêtres les gaulois".
Mais ça ne change rien au fait que le français reste toujours une langue latine qui n'a rien avoir avec les autres langues germaniques.
yarienafaire   Sun Apr 26, 2009 9:07 am GMT
.... qui n'a rien "à voir" avec les autres langues germaniques. ..
greg   Sun Apr 26, 2009 10:27 am GMT
yarienafaire : « Mais ça ne change rien au fait que le français reste toujours une langue latine qui n'a rien avoir avec les autres langues germaniques. »

Ou, pour être plus précis, le français (l'italien, le castillan etc) est une langue romane (à la différence du latin) et italique (à l'instar du latin).
Lobo   Sun Apr 26, 2009 12:16 pm GMT
greg Sat Apr 25, 2009 10:20 am GMT

«...lesquels ont essaimé leur théorie à partir d'un double postulat (toujours non-démontré à ce jour) :
latin → langues romanes
étymon roman sans source latine → source germanique.

Bien sûr, aux yeux de cette tradition érudite, le double postulat suivant est implicitement considéré comme impensable :
X → paléoroman + latin...»

Se pourrait-il que certains de nos mots de français proviennent de langues non indo-europeéennes telles que le basque et le ligure qui couvraient alors probablement un immense territoire de l'Europe occidentale et même centrale, tout comme on en retrouve dans les oronymes et hydronymes? Ces peuples ont tout de même laissé quelques traces, ainsi surement il en est resté aussi dans les langues parlées de nos jours.